vendredi 10 juillet 2015

De la dite islamophobie

« Islamophobie » : un mot qui circule beaucoup de nos jours, un mot in.

Que veut-il dire au juste ? Par « phobie », on entend la peur, le rejet, l’aversion. Par « islam », on désigne la religion musulmane : notez la minuscule. Si, en plus de la religion, on veut parler globalement des peuples qui la professent et de la culture par elle engendrée, on parlera de « l’Islam » : noter la majuscule. Parler d’islamophobie, c’est donc évoquer à la fois l’islam et l’Islam – et c’est là que la confusion commence. De plus, l’usage de ce terme a pris des proportions telles que, par pur automatisme social, on mêle tout : l’immense majorité des simples pratiquants, les radicaux, les intégristes et la violence destructrice des djihadistes, ouvrant ainsi la porte à la discrimination ethnique et/ou religieuse, voire au racisme. Il est donc devenu nécessaire d’en rappeler et l’histoire et le sens.

Utilisé, semble-t-il, dans quelques travaux remontant au début du XXe siècle (ce serait les Français qui l’auraient introduit), « islamophobe » et « islamophobie » ont, chose sûre, été admis dans Le Petit Robert en 2005. De fait, lorsqu’en 1979, le régime du shah d’Iran a été renversé et qu’est née, sous l’influence de l’ayatollah Khomeini, une république islamique pure et dure, les femmes qui s’opposaient au port du tchador se sont fait accuser de ne pas respecter la religion musulmane – d’être par voie de conséquence islamophobes. Avec les attentats du 11 septembre 2001 (New York), du 11 mars 2004 (Madrid) et des 7 et 21 juillet 2007 (Londres), alors que, horrifié, le monde entier en dénonçait les auteurs et la religion dont ils se prévalaient, les accusés, c’est-à-dire les terroristes, se sont faits de plus en plus accusateurs – et la vogue du terme n’a fait que grandir. C’est donc bien des fous d’Allah, de ceux qui nous ramènent des siècles en arrière, aux heures les plus sombres de l’histoire de l’Occident à savoir celles des invasions barbares de l’empire romain, que nous vient cette appellation.

Malheureusement, la peur de voir se répéter de tels massacres a étendu la suspicion à quiconque se réclamait de la religion mahométane, car les actes et les paroles de ces extrémistes ont jeté le discrédit sur l’ensemble de la communauté musulmane, quant à elle paisible – et d’ailleurs ayant immigré pour justement échapper au régime islamique meurtrier de leur pays natal. On s’est vite mis à tout confondre, oubliant que bien des musulmans, simples fidèles, voire non-croyants ou non-pratiquants, en appellent aujourd’hui, par leurs déclarations, leurs textes, leurs essais, etc., à la tolérance, à la liberté, au respect d’autrui sous toutes ses formes, à l’universalité de la pensée. Ce sont eux les authentiques descendants spirituels de cet Islam qui, entre le VIIIe et le XVe siècles – une période que nous, nous qualifions d’« obscur Moyen-Âge » – était occupé à déchiffrer et traduire d’importants manuscrits grecs et indiens au bénéfice du savoir universel, et faisait en philosophie, en mathématiques, en astronomie, en physiologie, etc., d’importantes découvertes scientifiques. Eux aussi, ne l’oublions pas, sont victimes de la terreur islamique, de la « guerre sainte » menée par les djihadistes à l’encontre de tous ceux et celles qui n’acceptent pas leur vision.

Pour ma part, je me suis, faute de mieux, forgé un synonyme, un mot de remplacement qui me paraît éloquent : « barbarophobie ». Or voilà que, il y a quelques jours seulement, je l’ai retrouvé sous la plume d’un historien traitant de la fin de l’empire romain, lorsque ce dernier fut, au Ve siècle, envahi par les Goths, les Huns, les Alains, les Wisigoths, etc. !

« Islamophobie » : un mot à éliminer de notre vocabulaire, un mot out.